Alors qu’à la rentrée d’octobre 1865 une école mixte ouvre à Norgeat, l’aménagement de la nouvelle maison d’école d’Arquizat, acquise par la commune en décembre1861, n’est toujours pas terminé, même si les enfants vont y être accueillis par les deux instituteurs nouvellement nommés : Noël et Adélaïde Nèples.
On rappellera que depuis le mois d’octobre 1858, Arquizat compte une école spéciale de filles, indépendamment de celle de garçons.
Depuis lors, l’école de Miglos-Arquizat bénéficie d’un poste double d’enseignants.
Cf. « De la création de l’École communale de Miglos-Arquizat (1794) à l’ouverture de l’École mixte de Norgeat (1865) » – Gérard Lafuente.
Selon le projet qu’avait élaboré l’architecte départemental Fiquet, il a été prévu de créer une salle de classe pour les garçons, une de classe pour les filles, une salle pour « le service municipal », ainsi que le logement des enseignants.
C’est l’entreprise Costesèque (de Mercus) qui est chargée des travaux, dont la réalisation va traîner en longueur. Les lenteurs administratives (déjà à l’époque !) et les atermoiements de la municipalité de Miglos, en sont les principales causes.
Ainsi, l’adjudicataire des travaux (Bernard Costesèque) n’a été désigné qu’en juillet 1864 (soit deux ans et demi après le lancement du projet).
Et ce n’est finalement qu’en 1868 que le chantier sera complètement terminé.
Dès le 4 avril1868, l’inspecteur d’académie écrit au préfet : « La nouvelle maison d’école est terminée et en très bon état, mais Monsieur le maire ne la mettra à la disposition de l’instituteur que lorsque les travaux de construction auront été visités et acceptés par Monsieur l’architecte Fiquet« .
Dans son rapport du 25 avril suivant, l’architecte donne son accord, sous réserve de « séparer les garçons des filles, et réserver une salle pour le service municipal ».
Il faudra donc attendre la rentrée d’octobre pour inaugurer la nouvelle école.
Quant à l’entrepreneur, il n’obtiendra le paiement du reliquat de sa facture (qui s’élevait à 8300,87 francs) qu’en août 1875, à la suite d’une imposition exceptionnelle décidée par le préfet sur l’exercice 1873.
En 2001, lors de travaux effectués à l’école d’Arquizat, en vue d’y aménager deux logements communaux, les maçons ont découvert, dans un mur, une petite bouteille carrée, cachetée à la cire au sceau de l’Empereur Napoléon III, qui contenait une feuille de papier (pliée) où était écrit :
« L’an mil huit cent soixante-six, le 28 juin, la présente bouteille a été enfermée dans ce mur, à l’effet de constater aux générations futures l’époque de la construction de la maison d’école de Miglos, canton de Tarascon, département de l’Ariège.
L’entreprise en a été acceptée par le sieur Costesèque, maçon charpentier de Mercus, d’après le plan proposé par Mr Fiquet, architecte, sous la présidence de Mr Bacou Jacques maire depuis trente un ans, Nèples Noël instituteur, Daran Célestin curé. » (+sceau de la mairie de Miglos et signature des intéressés, sauf le curé).
Inscription au verso : » Ouvriers qui ont travaillé à la construction : Joulé Baptiste maçon, Costsèque Bernard père de l’entrepreneur, Arabeyre Bernard beau-frère de idem, Costesèque Sylvain frère de idem, Balança François manouvrier « .
Le 15 novembre 1865, l’instituteur d’Arquizat, Noël Nèples, est nommé secrétaire de mairie (Jacques Bacou, maire).
Pour l’année scolaire 1865-1866, le conseil municipal (séance du 23 novembre 1865) désigne 13 enfants à accueillir gratuitement à l’école d’Arquizat.
On notera que le curé de la paroisse, Jacques Célestin Daran, a été consulté au préalable pour établir la liste, comme prévu par la loi du 15 mars 1850.
Clôturé le 10 juin, le Dénombrement de la population de 1866 reprend les noms des instituteurs de Miglos et fournit quelques indications sur la composition de leur famille.
A Miglos-Arquizat : Noël Nèples (40 ans) ; son épouse Adélaïde née Lannes (37 ans), également institutrice ; leur fille Noëlie (5 ans) et leur fils Paul (2 ans).
Pour mémoire, la population de la commune est alors de 1072 habitants, dont 327 à Arquizat.
Pour l’année 1867, le traitement des instituteurs d’Arquizat est fixé à 900 francs. Ils touchent également une indemnité de logement de 50 francs.
Ces montants sont identiques à ceux de l’année précédente (délibération municipale du 17 février 1867).
Le 7 juillet, le Conseil municipal (maire Jacques Bacou) décide de passer un bail pour la location d’une maison, afin de loger l’instituteur et l’institutrice, sa femme (M. et Mme Nèples), et de servir de salle de classe des filles, en attendant la fin des travaux en cours à la maison d’école achetée en 1861.
La maison en question, sise au « quartier du ruisseau », appartient à Jean Gardes. Le bail, renouvelable, couvrira la période du 1er janvier au 31 décembre 1867 (montant annuel : 25 francs).
Il s‘agissait ainsi de régulariser la situation d’hébergement peu confortable dont le couple Nèples avait dû se contenter depuis son arrivée à Arquizat, deux ans auparavant, et à qui on réclamait, en plus, de s’acquitter du montant du loyer pour cette période.
Nèples avait fini par se lasser et s’était adressé directement au préfet en lui demandant si « … il n’est pas permis à l’instituteur de céder à sa femme, institutrice publique, un des deux seuls appartements qu’il possède pour tout logement, afin de le convertir en salle d’école quand il n’y en a plus dans le village et que l’école des garçons est à une distance de 200 mètres, ou si c’est à la femme de loger son mari…« .
Il obtiendra gain de cause, puisque le préfet débloquera un crédit de 50 francs, afin de régler cet arriéré au propriétaire des lieux.
Lors de la délibération Municipale du 7 septembre 1867, est examinée une demande de Mme Nèples, qui souhaitait que le montant du loyer de son appartement de fonction soit pris en charge par la commune. Pour appuyer sa sollicitation, elle avançait les problèmes de logement (évoqués ci-dessus) rencontrés depuis son arrivée à Miglos avec son mari.
Les élus rejettent cette demande et, pour motiver leur refus, font valoir que la commune n’a jamais été assujettie à supporter les frais du loyer des institutrices.
Celui-ci reste à la charge l’institutrice de l’école des filles, dont le traitement a été récemment augmenté (il est passé de 100 à 150 francs) eu égard à cette contrainte, « considérant que Mme Nèples a profité exactement de la même faveur que les demoiselles Prat et Géraud qui l’ont précédée à Miglos« .
Le 3 mai 1868, installation des nouveaux instituteurs d’Arquizat, Frédéric Prat et Euphrasie Prat (frère et sœur), en remplacement des époux Nèples (arrêté du maire n°60). Euphrasie n’est pas tout à fait nouvelle : elle avait inauguré l’école de filles en 1858 et était restée 5 ans.
En juin suivant, le préfet demande au maire (Jacques Bacou) de faire le nécessaire pour régler au propriétaire de la maison d’école des filles d’Arquizat (Jean Gardes Ladène) l’arriéré de 7 mois de loyer.
Le 11 septembre 1870, l’instituteur d’Arquizat, Frédéric Prat, est nommé secrétaire de mairie, avec un salaire annuel de 120 francs (arrêté n°173 – maire : Jacques Bacou).
Le 10 octobre de la même année, installation, par le maire Jean Gardes, de Bernard Nougué, comme instituteur à l’école des garçons d’Arquizat, en remplacement de M. Prat, muté à Bouan.
Il sera nommé secrétaire de mairie le 28 octobre.
Le 23 octobre 1870, vote de dépenses imprévues, au titre de l’instruction primaire, afin de régler l’acquisition de fournitures scolaires indispensables pour l’école de Norgeat (et rembourser l’instituteur d’Arquizat, Frédéric Prat, qui avait acheté un poêle en fonte pour le chauffage de l’école).
Approbation, le 17 décembre 1870, en Conseil Municipal (maire : Jean-Marie Bacou) du décompte des travaux d’appropriation de la maison d’école d’Arquizat (montant total : 8879,71 francs). Les travaux sont terminés ; ils ont été réalisés par l’entreprise Costesèque, selon le projet de l’architecte Fiquet.
Le 18 mai 1871, Jean-Marie Bacou, maire de la commune, demande au préfet l’autorisation de « renvoyer le secrétaire de mairie », au motif qu’il ne serait pas digne de confiance. Il s’agit de l’instituteur, Bernard Nougué, directeur de l’école des garçons d’Arquizat.
L’école des filles est alors dirigée par Mlle Euphrasie Prat. Ces deux enseignants habitent dans la même maison, « ce qui n’est pas moral pour leurs élèves ».
Le maire voudrait que l’on fasse revenir Frédéric Prat, son prédécesseur (frère d’Euphrasie) nommé à Bouan en octobre 1870.
Mais le maire n’obtiendra pas gain de cause.
Détail amusant : en 1879, le même maire “ ne voudrait pas que celui-ci [M. Prat] revint en séjour à Miglos”.
Toujours au sujet de Frédéric Prat, on notera qu’il avait épousé Jeanne Marie Léontine Fauré (Famille Fauré Braguilh, de Norrat), âgée de 17 ans, le 25 Mars 1872. Son témoin était l’instituteur Bernard Nougué (Acte de mariage n°3, de la mairie de Miglos).
Pour la période 1863-1875, il est possible de déterminer les noms des enseignants de Miglos à partir des états où sont inscrits, après chaque rentrée scolaire, les enfants qui fréquentent les écoles de la commune.
A la fin des années 1980, on pouvait toujours consulter ces documents dans les archives communales, à savoir :
« Registre servant à l’inscription des engagements souscrits par les parents qui ont adopté le système de l’abonnement pour le payement de la rétribution scolaire » et « Liste des enfants admis gratuitement pendant l’année scolaire« .
Une copie de ces états, datée et signée, était adressée par l’instituteur à sa hiérarchie à Tarascon.
Pour Miglos-Arquizat on relève les noms de :
- Louis Piquemal, en novembre 1863 et novembre 1864.
- Noël Nèples, en janvier 1866 et janvier 1867.
- Bernard Nougué, en février 1872, janvier 1873, janvier 1874 et décembre 1875.
- Euphrasie Prat, en janvier 1873 et janvier 1874.
Le 1er mars 1874, l’instituteur d’Arquizat, Bernard Nougué, est nommé (à nouveau) secrétaire de mairie. Jean Gardes dit Ladène, vient d’être élu maire.
Bernard Nougué quitte Miglos le 6 février 1876.
Peu avant, il avait été témoin au mariage de Lucien Jean Pujol et de Marie Thérèse Pujol Marge, habitants de Norgeat (21 janvier 1876).
François Maris le remplace (il restera jusqu’en septembre 1880). Son épouse Pauline, qui n’était pas enseignante, assurera les fonctions de « directrice des travaux à l’aiguille » à l’école de Norgeat en 1877 et 1878.
Un document de mars 1878 fournit la « Liste des enfants en âge de fréquenter chacune des écoles de la commune de Miglos » ; soit un total de 314 enfants, dont 94 pour Arquizat (40 garçons et 54 filles) qui compte 310 habitants.
Le 27 juillet 1878, 33 filles sont présentes en classe. “Melle Prat est bien considérée à Miglos. M. le Maire toutefois la poursuit de rancunes personnelles qui me paraissent peu fondées”, écrit l’inspecteur.
Le 1er octobre 1880, installation d’Urbain Alexis Rouan à l’école d’Arquizat.
Sa femme, Jeanne Rouan, née Subra, enseignera à l’école de filles.
M. Rouan est nommé secrétaire de mairie le même jour (traitement : 120 francs par an). Maire : Jean-Marie Bacou (PV signés le 7 octobre).
Les époux Rouan seront obligés de quitter Miglos en cours d‘année scolaire 1882, car « on avait formulé contre eux des plaintes les plus graves pour obtenir leur déplacement« . L’enquête de l’Instruction Primaire montrera qu’elles étaient infondées et qu’il s’agissait d’accusations calomnieuses.
Ils seront remplacés, le 1er Avril, par Raymond Ferrus et son épouse Laura, née Denoi, qui resteront à Arquizat jusqu’en Avril 1886.
Les 6 et 11 février 1883, l’instituteur Ferrus informe son inspecteur qu’il est urgent de réparer la salle d’école des filles et les lieux d’aisance.
Il précise qu’un ouvrier de la commune pourrait se charger du travail contre une rémunération de 50 francs, mais que le maire, Joseph Pujol, s’y oppose faute de crédit disponible.
L’administration interviendra et le nécessaire sera fait rapidement.
Le 15 juillet de la même année, le conseil municipal (Joseph Pujol, maire), faisant suite à la demande de la Commission Scolaire communale, prend la délibération suivante :
» … Considérant que les enfants sont tous occupés aux travaux agricoles et que les parents ne peuvent, en aucune manière, se passer complètement de leurs enfants sans nuire à l’agriculture, la commission, usant du pouvoir que lui accorde la Loi du 28 Mars 1882, article 15, sur l’obligation scolaire, est d’avis, à l’unanimité des membres présents, que la dispense d’une des deux classes de la journée soit accordée indistinctement à tous les enfants de la commune de Miglos, du 1er Juin au 1er Novembre 1883… « .
Le préfet donnera son approbation le 13 août.
Le 11 août 1884, l’instituteur d’Arquizat, Raymond Ferrus, est nommé secrétaire de mairie. Traitement annuel : 120 francs. (Jean-Marie Bacou, maire).
En novembre 1885, M. Ferrus contracte la typhoïde et doit s’aliter pour une longue période. Son état nécessitant des soins réguliers c’est sa femme qui tient le rôle de garde-malade et, de ce fait, délaisse quelque peu la classe des filles dont elle a la charge.
Plusieurs parents d’élèves vont alors s’adresser à l’inspecteur d’académie (courrier en date du 29 novembre 1885) pour réclamer la nomination d’un instituteur intérimaire.
Ils formulent en même temps certains griefs à l’encontre des deux enseignants : « S’il laissait l’auberge et le vin tranquilles il se porterait mieux » … « Monsieur le maire les soutient, et surtout Madame . » (?).
Un suppléant (qu’il n’a pas été possible d’identifier) sera finalement nommé le 15 janvier 1886.
Raymond Ferrus reprendra son poste le 1er mars suivant. Encore convalescent, il n’était cependant pas en mesure d’assurer convenablement les cours et, très souvent, « il s’accoudait sur le bureau et s’endormait, laissant les enfants livrés à eux-mêmes « .
L’école fermera à nouveau quelques jours plus tard.
Cette situation ne pouvait que déplaire à plusieurs familles du village, qui vont demander au maire (Jean-Marie Bacou) que leurs enfants soient admis à l’école de Norgeat, où viennent d’être nommés Louis Casimir Truel et son épouse Rachel. Mais l’affaire embarrasse le premier magistrat de la commune, qui temporise.
Fin mars 1886, poussés par le curé Adolphe Nigoul, qui ne semblait guère apprécier ce couple d’enseignants (dont « l’épouse était accusée de faits d’immoralités grossières »), les plaignants vont alors adresser une pétition au Ministre de l’Instruction Publique (René Goblet). Celle-ci restera sans réponse.
Dans le même temps, et suite à la première réclamation, l’inspection académique de Foix va intervenir auprès du préfet.
Refusant que l’école de Norgeat accueille des élèves d’Arquizat, elle apportera son soutien aux instituteurs mis en cause.
« …Il y a 4 ans, l’école d’Arquizat possédait un maître capable et consciencieux, M. Rouan ; on a formulé contre lui des plaintes les plus graves pour obtenir son changement. M. Ferrus, l’instituteur actuel, l’a remplacé et a été, comme son prédécesseur, en butte avec toutes sortes de tracasseries… On a cherché à déshonorer sa femme… cette institutrice a toujours eu une conduite des plus irréprochables… Voilà comment on traite un instituteur à Miglos, et cela peut-être pour faire plaisir à Mr. le Curé…«
Le préfet suivra ces préconisations et le signifiera au maire le 20 avril 1886,
ce qui n’empêchera pas Raymond et Laura Ferrus de quitter leur poste dès la fin avril, pour éviter le renouvellement des désagréments précités.
Pour les remplacer, l’Education Primaire fera revenir sur la commune, dès le 1er mai, Bruno et Marie Félicie Duran, qui venaient de quitter l’école de Norgeat, où ils avaient passé près de 4 ans, pour celle d’Auzat (janvier 1886). Ils resteront à Arquizat jusqu’à fin octobre 1889.
Le 6 novembre 1889, installation des nouveaux instituteurs d’Arquizat, François et Marie Adeline Astrié, nommés par arrêté préfectoral en date du 4 novembre (adjoint : Pujol, faisant fonction de maire).
Au début de l’année 1890, la suppression de l’école de filles d’Arquizat reste d’actualité.
Le dossier avait été transmis au Ministère de l’Instruction Publique, lequel, avant de statuer, a souhaité l’avis des élus de la commune.
Le conseil municipal, dans sa séance du 26 janvier 1890, réitère à l’unanimité son opposition formelle (déjà formulée le 15 août 1888) à la suppression de cette école « créée depuis plus de 30 ans… et dont la nécessité est reconnue … 34 filles y sont inscrites actuellement, ainsi que 30 enfants à l’école des garçons, de 5 à 14 ans révolus…. La fréquentation moyenne totale étant de 55 élèves, un instituteur seul ne pourrait s’occuper convenablement de l’éducation de tous les enfants« .
L’inspecteur d’académie de Foix ne partage pas du tout cet avis et adresse son analyse au préfet le 18 mars 1890. Il conclut que l’on peut fermer l’école d’Arquizat, mais maintenir l’école de filles de Norgeat, même si cette section n’atteint pas non plus les 401 habitants, qui sont prévus réglementairement pour pouvoir en bénéficier.
Dans son rapport, on relève que la commune de Miglos compte 932 habitants, 5 écoles et 183 enfants de 5 à 4 ans.
Pour la section d’Arquizat, on dénombre 307 habitants, dont 39 au hameau de Baychon. Les 2 écoles du village sont fréquentées par 30 garçons et 34 filles, âgés de 5 à 14 ans.
Avec 391 habitants, Norgeat est la section dont la population est la plus proche du quota requis pour que le village conserve son école de filles.
L’inspecteur écrit également : « La fréquentation moyenne des deux écoles d’Arquizat varie entre 10 et 20 élèves les jours de mauvais temps et 25 à 30 en été, mais ne dépasse jamais 50 enfants, même en hiver, ce qui est loin des 55 annoncés par la municipalité…
Il n’est pas exact de dire qu’un local a été construit pour l’école de filles.
Dans une petite pièce attenante à l’école construite pour les garçons, on a logé l’école de filles. Elle est mal éclairée, mal aérée et insalubre. Une porte de communication réunit la salle des filles à celle des garçons. Quand le nombre des élèves n’est pas trop grand, l’institutrice fait sa classe dans la même salle que son mari. Et si elle est malade l’école devient mixte et l’instituteur se charge de tous les élèves sans inconvénient… L’institutrice n’a pas de logement spécial.
La petite cour de l’école mixte a été divisée en deux petits réduits et il n’y a qu’un petit jardin… La municipalité ne saurait donc être embarrassée d’un local qui n’existe pas ».
La suppression définitive de l’école de filles d’Arquizat n’interviendra cependant qu’en 1921.
Le recensement de 1891 (visé par le maire, Lucien Teulière, le 20 mai), donne une population de 859 habitants (dont 234 à Arquizat + 41 à Baychon).
Y figurent les instituteurs et leur famille, à savoir pour Arquizat :
François Astrié (40 ans) et sa femme Adeline, née Blazy (28 ans).
L’instituteur Jérôme François Astrié décède de la tuberculose le 18 mai 1892.
Il sera remplacé par Guillaume Morère le 1er juin.
Quant à Mme Astrié, elle restera sur le poste de l’école de filles jusqu’au 15 novembre 1895.
L’inspecteur d’académie transmet au préfet, le 23 novembre 1892, « la plainte parfaitement fondée » du nouvel instituteur d’Arquizat, Guillaume Morère, au sujet du logement qui lui a été attribué.
Sa famille, composée de 7 personnes, est logée dans deux pièces « qui sont deux chambres, plus un petit réduit », alors que l’institutrice des filles, Mme veuve Astrié, occupe une cuisine et une chambre avec un galetas.
« Mr. Morère réclame une cuisine où il puisse faire son ménage et avoir assez de feu pour chauffer ses cinq enfants« .
Même une permutation de logement ne pourrait donner entière satisfaction aux deux enseignants concernés.
Devant cette situation, l’instituteur demande donc à aller enseigner à Freychenet, école pour laquelle il postulait déjà depuis un certain temps.
Malgré l’assurance donnée aux autorités par le maire de Miglos (Lucien Teulière) que les travaux et aménagements nécessaires allaient être effectués, Guillaume Morère obtiendra rapidement satisfaction et quittera Miglos le 31 décembre 1892.
Par ailleurs, il sera également rappelé au maire de Miglos (26 décembre 1892) que des réparations s’imposent à cette école, sans tarder, pour pouvoir y accueillir le prochain instituteur dans des conditions satisfaisantes.
L’inspecteur d’académie propose d’ailleurs un remède à cette situation :
« Il existe dans le corridor même de l’école une chambre servant de mairie, et une autre chambre occupée par les archives. Ces deux pièces pourraient être transformées en cuisine et salle à manger.
Le mobilier de la mairie (quelques chaises et une table) serait transféré provisoirement à Norgeat où l’on vient de construire un groupe scolaire …. Les réunions du Conseil municipal pourraient s’y tenir aussi, à titre transitoire.«
Pour la salle de classe des filles (un ancien préau) qui est humide et obscure, il faut agrandir la fenêtre, établir un drain du côté du terre-plein, enduire la muraille de mortier de chaux, blanchir la salle à l’eau de chaux, et mettre des fermetures aux portes des privés.
Le 1er janvier 1893, nomination de Bernard Marfaing, qui restera jusqu’au 15 novembre 1895. Il quittera Arquizat en même temps que l’institutrice de l’école de filles, Mme Astrié.
Par courrier du 9 décembre 1893, le préfet adresse au maire de Miglos un extrait d’un rapport du service académique sur la situation matérielle de l’école d’Arquizat : « Il faudrait réparer la toiture ; l’eau de pluie dégrade les plafonds et descend dans les pièces de l’habitation. Comme matériel d’enseignement une méthode de lecture en tableaux serait de la plus grande utilité. Les privés devraient être vidés. Le maire promet toujours et ne fait jamais rien« .
Il demande une réunion, sans retard, du conseil municipal afin de décider des mesures pour remédier à cet état de fait.
Le 20 août 1894 : avis favorable du conseil municipal pour l’attribution d’une « bourse avec trousseau » à Alexandre-Urbain Marfaing (fils de Bernard Marfaing, l’instituteur d’Arquizat), qui a été admis à l’École Spéciale Militaire.
En 1895, un rapport de l’inspecteur d’Académie de l’Ariège, en date du 21 février, fait état de nombreuses anomalies à l’école d’Arquizat : « Local mauvais, logement insuffisant, pas de préau, la municipalité devrait reblanchir la salle de classe et agrandir le logement de l’instituteur, bibliothèque sans armoire…”.
Le 16 juin, le médecin inspecteur de l’Instruction Primaire de l’Ariège (Docteur Cazes) rend compte au préfet : « L’humidité qui suinte des murs de la classe des filles, à Arquizat, est très favorable au développement des maladies… Mme l’institutrice en a été victime et a obtenu un mois de maladie… Cette salle doit être interdite… « .
Après une nouvelle visite des écoles de Miglos, l‘inspecteur d‘Académie adresse lui aussi un rapport au préfet, le 17 juin 1895, toujours aussi critique.
On y relève pour Arquizat : « L’école des filles est une salle humide, mal éclairée, située en contre-bas du sol« .
Le 24 juin, s’appuyant sur les conclusions du médecin inspecteur et rappelant le contenu de ses deux précédents rapports, le responsable de l’Instruction publique de l’Ariège demande au préfet le transfert, en urgence, de la classe des filles dans la salle de mairie attenante.
Le 16 novembre 1895, Augustin Carbonne et son épouse Clarisse, née Nigoul, sont nommés à Arquizat, où ils resteront 13 ans.
Le 6 avril 1896, un crédit de 10 francs est voté par le Conseil municipal (maire Lucien Teulière), afin de régler le maçon, Frédéric Carbonne, pour les menues réparations qu’il vient d’effectuer à l’école d’Arquizat.
Mais d’autres travaux importants doivent également être réalisés très rapidement.
« Toiture, logement personnel des maîtres, salles de classe, cours de récréation, privés, jardin et murs de clôture, tout est à restaurer.… Le coût est estimé à 1000 francs, au moins…« . La commune, qui est endettée, ne peut engager que 150 francs.
Le Conseil, dans sa séance du 19 juillet 1896 (Jean-François Jalbert, maire nouvellement élu), décide de demander un secours au préfet, pour financer lesdits travaux. Il fait valoir que « …la commune a construit il y a peu de temps les écoles de Norrat et Norgeat, et la route de Capoulet à Norgeat … ces dépenses pèsent lourd sur l’impôt…« .
Un mémoire explicatif des travaux à effectuer, établi par Joseph Amiel, architecte et entrepreneur de travaux publics, est transmis au préfet le 20 Août, en annexe à la demande de secours formulée par le maire.
En juin, Augustin Carbonne sollicite le secrétariat de mairie, qu’il obtient ; il remplace Casimir Truel, “très heureux de se débarrasser des affaires municipales”. Ce travail lui rapporte 120 francs par an.
(Détail : en janvier 1896, son traitement annuel est de 1000 francs ; en mai 1897, il est de 1100 francs, auxquels s’ajoutent les émoluments de secrétaire de mairie).
Concernant le logement des maîtres d’école d’Arquizat, la décision d’engager immédiatement les travaux appropriés est prise lors de la délibération du 11 octobre 1896, car « la fumée rend la cuisine inhabitable ; le plâtrage des chambres est sale, lézardé et pas convenable« .
Le montant de ces travaux est estimé à 600 francs et une demande de secours de 225 francs est adressée à l’administration, à l‘issue de la séance du Conseil tenue le 27 décembre 1896.
Le chantier sera confié, en janvier 1897, au maçon d’Arquizat, Prosper Carbonne, qui s’engage à le terminer dans les trois mois (approbation préfectorale du 11 janvier 1897).
“Le 17 janvier 1897, jour de la fête locale à Miglos, le temps est affreux, on ne sait où danser” ; à la demande du maire, mais contre l’avis de l’instituteur, la salle attenante à l’école de garçons sert de salle de bal.
Le 13 juin suivant : décision du conseil municipal d’aménager en mairie l’ancienne salle de classe des filles d’Arquizat (maire : Jean-François Jalbert).
« Considérant que l’école des filles et la mairie ne devraient pas être dans la même salle, que le service de l’école et celui de la mairie souffrent réciproquement de cette situation, que la mairie peut-être très bien établie à l’ancienne salle de classe des filles trop exiguë pour école et tout à fait suffisante pour mairie, et que les travaux à faire à ce sujet entraîneraient une dépense minime« .
Un crédit de 20 francs est ouvert à cet effet sur le budget supplémentaire.
Lors de la délibération municipale du 21 août 1898, il est décidé, conformément à la règlementation en vigueur, de clôturer entièrement la cour de récréation d’Arquizat, ainsi que celles de Norgeat et Norrat.
Andrée Cantelaube et Gérard Lafuente
Mai 2020.
Dernière mise à jour : Juin 2022.