École de Norgeat de 1865 à 1882
Une lettre d’Alexandre Carbonne, l’instituteur de la commune, en poste à Arquizat, nous apprend qu’en 1853 une institutrice exerce à Norgeat, sans l’agrément de l’Inspection académique ; elle s’appelle » mademoiselle Cazals » et n’est pas la première.
On peut y voir un lien avec les velléités d’indépendance du village.
Cf. »Quand Norgeat voulait s’ériger en commune «
Il faudra attendre quelques années pour voir l’arrivée d’un instituteur diplômé à Norgeat.
Le 6 Juillet 1865, le maire de Miglos (Jacques Bacou) écrit au préfet : » … Certains habitants de Norgeat m’ont manifesté le désir d’avoir un instituteur public attaché spécialement à leur village, qui compte 475 habitants. … Je vous prie de bien vouloir accorder à la commune de Miglos un deuxième instituteur, qui devra résider à Norgeat… « .
Le 29 Août suivant, l’inspecteur d’Académie de Foix, demande à son tour au préfet la création d’une école à Norgeat.
On relève dans ce courrier : « Les pères de famille avec lesquels M. l’Inspecteur d’Académie a eu soin de se mettre en rapport lui ont assuré qu’elle réunirait au moins 40 élèves, et presque tous payants car il y a beaucoup d’aisance dans ce pays » (???).
Dès le 4 Septembre 1865, le préfet donne son accord au maire de Miglos, à condition que le Conseil municipal prenne une délibération par laquelle la commune s’engage à assurer le traitement de l’instituteur (200 francs /mois), et le loyer de la maison d’école.
Mais, excepté ceux de Norgeat, la majorité des conseillers municipaux va s’y opposer à deux reprises. Notamment lors de la séance du Conseil municipal en date du 29 Septembre 1865, au prétexte que le montant relatif à l’appropriation récente de la maison d’école d’Arquizat n’est pas encore entièrement réglé. Autres arguments avancés : « … il ne faut pas démembrer l’école principale… et il est facile aux enfants de Norgeat de fréquenter régulièrement l’école communale en tout temps… distante d’un kilomètre et demi… le chemin est très praticable… « .
Le 19 Septembre, l’inspecteur d’Académie de Foix, adresse au préfet de nouvelles recommandations en faveur de la création d’une école : « … Norgeat compte 417 habitants et Arquizat, où est située l’école communale, 310 habitants…« .
Il propose d’imposer à la commune la décision « de constituer définitivement une école à Norgeat, par la nomination d’un instituteur« .
Le préfet suivra immédiatement cet avis, puisque, dès le 17 Octobre 1865, l’adjoint au maire (Pierre Pujol, de Norgeat) installe officiellement Jean-Pierre Estèbe comme instituteur public de l’école mixte de Norgeat.
Son traitement mensuel est fixé à 600 francs. (Arrêté du Maire n°53 – même date).
Même si l’on a peu de précisions concernant les débuts de cette école, on sait, par un courrier de l’Inspection académique de l’Ariège adressé au préfet le 1er Décembre 1865, que « le service scolaire est provisoirement installé dans une maison propriété d’une veuve Mouret, née Françoise Arabeyre » (Il s’agit de Françoise Arabeyre, née Pujol).
L’intéressée propose de « la transférer dans une maison voisine qui lui appartient également et où elle serait très bien installée. Elle ajouterait un jardin de 4 ares et une cave. La situation est centrale et l’exposition est bonne. Le seul inconvénient est le voisinage assez rapproché d’une auberge« .
L’auberge en question (café-auberge-épicerie) appartenait à Pierre Gardes Pavillon, qui avait obtenu la licence d’exploitation le 5 Avril 1861.
Elle était située face à la fontaine de La Carrièro.
Le Livre de comptes de ce commerce (conservé dans la famille « Pavillon ») nous fournit quelques informations sur le premier instituteur de Norgeat.
Jean-Pierre Estèbe, figure sur ce registre à partir d’Octobre 1865.
Au cours de ce mois, il a pris 16 repas à l’auberge et effectué plusieurs achats d’épicerie, dont le premier (un litre de vin) est noté à la date du 05 Octobre, soit 12 jours avant la date officielle de son installation par le maire de la commune.
Durant son séjour à Norgeat (près de 4 ans) l’enseignant a été un client attitré de cet épicier, chez qui il achetait régulièrement son vin (dont fréquemment « du bon », qui coûtait 40 centimes le litre, soit le double de l’ordinaire).
Également du pain. En général une « raballe » à 20 centimes (« rabalo » en patois – la ravaille, un pain blanc, qui pesait 500 g.). Et parfois une « merque de pain » (« merco de pa » en patois – un pain gris pesant 2 kg environ – vendu 35 centimes).
Le compte de l’intéressé (qui réglait à chaque début de mois après avoir touché son salaire) sera clôturé définitivement le 16 Juillet 1869, lors de son départ du village.
Merci à Lili et Claude Berra de m’avoir permis de consulter ce vieux registre (une mine d’informations précieuses).
Bien qu’une autre bâtisse, « appartenant aux héritiers Gabarre et située au sud du village« , ait été également proposée, c’est la maison de la veuve Mouret qui obtiendra finalement l’agrément des autorités.
Le nouveau bail sera signé le 11 Mars 1866. Il est établi entre l’adjoint au maire, Pierre Pujol (de Norgeat) et les frères Raymond et Lucien Arabeyre,
(Fils de Françoise Arabeyre Mouret, et propriétaires en indivis des biens en question). Le montant du loyer annuel est fixé à 70 francs.
La location porte sur « le logement de l’instituteur » (« composé de deux chambres et d’un cabinet communiquant à l’une d’elles, d’une cave, d’un jardin d’une contenance de 4 ares contigu à ladite maison ») et « une salle de classe destinée à recevoir les élèves, sise dans un bâtiment voisin« . Entre les deux maisons concernées on trouve deux cours, ainsi que des latrines à proximité.
Le Plan annexé au bail en question est conservé aux Archives Départementales de l’Ariège (Dr. 2 O. 979).
En 1866, la salle de classe se trouvait dans la maison cadastrée de nos jours sous n°3238 (où était née ma grand-mère Madeleine – actuellement propriété Cantelaube) et, pour le logement de l’instituteur, sous n° 1143 (propriété Jérémie).
Pour l’année scolaire 1865/1866, le Conseil municipal (séance du 23 Novembre 1865) désigne 12 enfants à accueillir gratuitement à l’école de Norgeat (et 13 pour celle d’Arquizat). On notera que les curés des deux paroisses (Jacques Célestin Daran à Arquizat et Théodose Bedel à Norgeat) ont été consultés au préalable, pour établir la liste, comme prévu par la Loi du 15 Mars 1850.
Le Dénombrement de la population de 1866, clôturé le 10 Juin, reprend les noms des instituteurs de Miglos et fournit quelques indications sur la composition de leur famille.
A Norgeat, on trouve : Jean-Pierre Estèbe (22 ans) et sa sœur Marie (24 ans).
Pour mémoire, la population de la commune est alors de 1072 habitants – (Norgeat = 430, Arquizat = 327, Norrat = 188, Axiat = 84, Baychon = 43).
Lors de la Délibération municipale du 9 Août 1866 (Jacques Bacou, maire), la demande d’imposition de 99 francs, qui serait nécessaire pour acheter du matériel scolaire (un tableau noir, un tableau de système métrique et 3 cartes de géographie) destiné à l’école de Norgeat, est rejetée.
Pour l’année 1867, le traitement des instituteurs est fixé à 900 francs pour ceux de Miglos-Arquizat et 800 francs pour celui de Norgeat.
Le loyer de la maison d’école de Norgeat est de 60 francs. (Délibération municipale du 17 Février 1867). Ces montants sont identiques à ceux de l’année précédente.
La Loi du 10 Avril 1867 permet aux communes qui le souhaitent « d’entretenir une ou plusieurs écoles entièrement gratuites… par une imposition extraordinaire annuelle ».
Le Conseil municipal de Miglos adopte cette mesure à l’unanimité, le 25 Mai 1867. Mais dans les années 1870, cet avantage sera suspendu car « la commune n’est pas assez riche« . La gratuité totale ne sera rétablie qu’en 1879.
Toujours dans le cadre de la Loi précitée, et suite à un questionnaire du préfet sur « la nécessité de créer plus d’une école publique dans la commune », les élus répondront : » pour les garçons = oui ; pour les filles = non ; mixtes = oui ; ouvrir des cours d’adultes = non ». (Délibération du 21 Juillet 1867).
Le 5 Octobre 1868, une somme de 30 francs est allouée à l’instituteur de Norgeat, Jean-Pierre Estèbe (en complément de la subvention, d’un même montant, attribuée par le Ministère de l’Instruction Primaire), pour les cours d’adultes qu’il a mis en place en 1867 et 1868. (Délibération municipale – Jacques Bacou, maire).
Le 11 Novembre de la même année, le maire informe le Conseil municipal que le propriétaire de la maison d’école de Norgeat (Raymond Arabeyre) est disposé à payer la confection des tables destinées à équiper la salle de classe, puisque la commune n’a pas les fonds nécessaires pour ce faire.
Le 23 Mai 1869, notification à Marie Estèbe (sœur de l’instituteur de Norgeat, J.P. Estèbe) de l’arrêté préfectoral qui nomme l’intéressée « Directrice des travaux d’aiguille de Norgeat », avec effet du 1er Janvier de l’année en cours.
Fin Juillet 1869, Jean-Pierre Estèbe libèrera le poste d’instituteur de Norgeat.
Son successeur, Pierre Rives, sera installé le 19 Octobre suivant (Arrêté n°69 – Jacques Bacou, maire). L’intéressé repartira un an plus tard.
Par délibération municipale en date du 20 Février 1870, une rétribution de 20 francs est accordée (pour 1869) à Marie Estèbe, « Maîtresse des travaux d’aiguille de l’école mixte de Norgeat, qui effectue aussi le ménage à l’école« .
L’intéressée avait quitté Norgeat à la fin de l’année 1869.
1870 – Le 17 Mai est examinée en Conseil municipal la demande des habitants de Norrat et Axiat d’ouvrir une école mixte à Norrat.
Cf. « Histoire de l’école de Norrat de 1870 à 1945 » (Andrée Cantelaube).
Le 29 Juin 1870, Sophie Rives, née Rouzaud, épouse de l’instituteur de Norgeat, Pierre Rives, est nommée « Directrice des travaux à l’aiguille » de ce village, avec effet du 1er Janvier 1870 et une rétribution de 50 francs/an (Arrêté préfectoral).
Elle remplace Melle Estèbe.
Le Conseil Municipal (maire : Jean Gardes), dans sa séance du 23 Octobre 1870, vote les dépenses imprévues, au titre de l’instruction primaire, afin de régler l’acquisition de fournitures scolaires indispensables pour l’école de Norgeat.
Installation du nouvel instituteur de Norgeat, Baptiste Tignol, le 29 Novembre 1870.
Sur l’arrêté du maire (N°182), on relève qu’il remplace M. Roussel (prénom ignoré).
Ce dernier n’a fait qu’un bref passage à Norgeat, où il a dû effectuer la rentrée d’Octobre, en remplacement de Pierre Rives, dont la mutation officielle est datée du 07 Octobre 1870.
Le 18 Février 1871, Louis Piquemal vient effectuer un remplacement de 3 semaines. L’intéressé n’est pas un inconnu dans la commune puisqu’il a enseigné à Arquizat d’Octobre 1861 à Mars 1865.
Le 1er Août 1871, signature d’un bail pour une nouvelle maison d’école à Norgeat, passé entre le maire de la commune, Jean-Marie Bacou, et le propriétaire, Raymond Arabeyre.
L’ancienne bâtisse n’était plus adaptée pour pouvoir accueillir tous les enfants du village en âge d’être scolarisés. Montant annuel du loyer : 100 francs.
Cette location porte sur « une entière maison, composée d’une cuisine, d’une cave et d’une salle destinée à recevoir les élèves de l’école de ladite section, situées au rez-de-chaussée, de trois chambres établies au premier étage et d’un grenier ou galetas au-dessus, d’une cour et de toutes les dépendances de la maison, et enfin d’un jardin d’une contenance de 4 ares environ, attenant à la cour de ladite maison d’école« .
Le 6 Août 1871, Joséphine Tignol, épouse de l’instituteur de Norgeat, est nommée « Maîtresse des travaux à l’aiguille » à l’école mixte de ce village ; traitement annuel : 50 francs.
Le recensement des maisons habitées de la commune, effectué courant Novembre 1871, permet de savoir que Miglos comptait alors 246 foyers.
A savoir : Norgeat = 94, Arquizat = 80, Norrat = 37, Axiat = 25 et Baychon = 10.
Le 16 Novembre 1872, le préfet informe le maire d’une réclamation de l’instituteur de Norgeat, au sujet du mauvais état de la maison qu’il habite, et lui demande d’inviter le propriétaire à faire réaliser sans retard les réparations indispensables signalées.
Ce qui sera fait aussitôt par l’entreprise Costesèque, de Mercus.
Le 22 Mars 1873, confirmation (lettre du préfet) de la nomination de Mme Tignol (épouse de l’instituteur) en tant que « Directrice des travaux d’aiguille » de Norgeat, avec effet du 1er Janvier1873.
Pour la période de 1863 à 1874, divers Registres (que j’ai pu consulter aux archives municipales dans les années 1970/1980) reprennent les noms des enfants qui fréquentent les écoles de la commune, ainsi que ceux des enseignants d’alors, qui tenaient lesdits documents à chaque rentrée scolaire.
En particulier, le « Registre servant à l’inscription des engagements souscrits par les parents qui ont adopté le système de l’abonnement pour le payement de la rétribution scolaire », et la « Liste des enfants admis gratuitement pendant l’année scolaire ».
Pour l’école mixte de Norgeat, l’instituteur Baptiste Tignol a inscrit 72 enfants (24 filles et 48 garçons) en Novembre 1872 et Novembre 1873.
Lors des rentrées scolaires de 1863 et 1864, les enfants de Norgeat portés sur ces registres fréquentaient encore l’école communale de Miglos-Arquizat, dont l’instituteur était Louis Piquemal.
On peut signaler pour l’année 1876, à la date du 1er Mai, la naissance d’une fille : Louise,Marie,Baptistine, au sein du foyer Tignol.
Nous voici en 1877. Dans sa séance du 11 Mars, le Conseil municipal (maire Jean-Marie Bacou) vote « une imposition de 4 centimes additionnels au principal des 4 contributions directes, à l’effet d’obtenir la gratuité absolue dans les écoles de la commune, à compter du 1er Janvier 1877… mesure qui permettra la fréquentation de l’école par tous les enfants, sans distinction d’âge« .
Cette mesure sera maintenue par la suite.
Baptiste Tignol quitte Norgeat fin Janvier 1877. Il est remplacé par Michel Cassé, qui terminera l’année scolaire en cours.
Installation d’un nouvel instituteur, Joseph Arabeyre, le 8 Octobre 1877 (Maire : Jean-Marie Bacou).
Le 26 Novembre 1877, nomination, à compter du 1er Janvier suivant, d’une » Directrice de travaux à l’aiguille », à l’école mixte de Norgeat. Il s’agit de Pauline Maris, femme de l’instituteur de l’école communale d’Arquizat, qui assurera ce travail 3 jours par semaine, » deux heures chaque fois, les mardi, jeudi et vendredi « . (Installation officielle le 11 Février 1878).
Toutefois, il est précisé que « les fonctions déférées à Mme Maris cesseront de plein droit dès que ladite section de Norgeat aurait un instituteur marié et dont la femme serait régulièrement nommée« .
1878 – 10 Février – Création de l’école mixte à Norrat approuvée par le Conseil Municipal.
Cf. « Histoire de l’école de Norrat de 1870 à 1945 » (Andrée Cantelaube).
Le 12 Février 1878, Albert Mot (« Instituteur adjoint », selon le certificat d’entrée en fonction), est installé dans son poste, en tant que « chargé de la direction de l’école mixte de Norgeat » (maire : Jean-Marie Bacou).
Ce même jour, Mme Maris, femme de l’instituteur d’Arquizat, est nommée « Directrice des travaux à l’aiguille » à l’école de Norgeat. (L’arrêté de nomination est daté du 26 Novembre 1877).
Un état du 15 Mars 1878, conservé aux Archives départementales de l’Ariège (2 O. 979), reprend la liste des enfants de la commune de Miglos en âge d’être scolarisés. Soit 314 au total, et pour Norgeat : 144 (74 filles et 70 garçons).
Albert Mot ne fera qu’un court séjour sur ce poste puisque, dès le 3 Juillet de la même année, un nouveau directeur de l’école mixte de Norgeat prend ses fonctions : Louis Laurens, jeune instituteur breveté (nomination préfectorale du 1er Juillet 1878).
Pour son premier poste, l’intéressé n’a pas été particulièrement favorisé par sa hiérarchie. En effet, sa classe comptait 81 enfants (garçons et filles de différentes tranches d’âge) en 1879 et 80 l’année suivante. Malgré son manque d’expérience dans le métier, cet instituteur saura gérer au mieux la situation, comme le note son inspecteur à l’issue du contrôle qu’il a effectué le 13 Janvier 1880 : » Monsieur Laurens se meut avec assez d’aisance au milieu de son bataillon « .
L’enseignant quittera Norgeat en fin d’année scolaire 1879/1880, suite à la création d’une école de filles dans ce village (poste double), en date du 1er Octobre 1880 (Cf. ci-après).
1880 – Création d’une École de filles à Norgeat
Le 3 Février 1880, le préfet informe le maire de Miglos (Jean-Marie Bacou) qu’il conviendrait d’ouvrir une école des filles à Norgeat, suivant en cela la préconisation de l’inspecteur d’académie de l’Ariège.
Sur 107 élèves ayant fréquenté l’école de Norgeat l’année précédente on comptait 45 filles. On dénombre alors 433 habitants dans ce village.
Dans sa délibération du 22 Février, le Conseil Municipal de Miglos donne son accord pour la « création d’une école spéciale de filles à la section de Norgeat, reconnue très nécessaire et même urgente par l’Administration académique … considérant que les élèves de l’école mixte sont trop nombreux pour qu’ils reçoivent de la part de l’instituteur les soins que réclament leur instruction ».
L’achat d’un poêle est également décidé lors de cette séance.
(Transmission au préfet le 28 Février).
Un rapport complémentaire, adressé le 7 Juin 1880 au Conseil Départemental de l’Instruction Primaire, précise que « le nombre d’enfants susceptible de fréquenter ladite école des filles serait d’environ 60 ».
Par courrier du 1er Septembre 1880, le préfet informe l’inspecteur d’Académie de Foix et le maire de Miglos (Bacou Jean-Marie) que le Ministre de l’Instruction Publique a donné son approbation pour la création d’une école spéciale de filles à Norgeat et leur demande de prendre les mesures nécessaires pour ce faire.
C’est ainsi que le 1er Octobre 1880, les « instituteurs publics » Ambroise Victorin Fauré et Joséphine Fauré (née Izaure) arrivent à Norgeat, pour prendre leurs fonctions sur le poste double qui vient d’être créé dans ce village.
Le PV d’installation, daté du 7 Octobre, est signé par le maire J-M Bacou.
Le 15 Novembre 1880, le Conseil autorise le maire à passer le bail définitif pour la location de la maison d’école des filles de Norgeat, dont les travaux sont maintenant terminés, ce qui va permettre d’accueillir les élèves.
Ce bail est passé le 25 Novembre 1880, entre le maire (Bacou Jean-Marie) et les nommés Daraux Jean, dit Maluber, fils de François, et Salvaing Raymond, son gendre, avec effet du 1er Janvier 1881. Montant annuel du loyer : 120 francs.
Les propriétaires louent « une maison et une cour contiguë, composée d’un rez-de-chaussée destiné à la salle d’école des filles, de deux chambres au premier étage pour servir de cuisine et de chambre à coucher, d’un galetas et encore d’une petite cave au rez-de-chaussée pour l’usage de l’institutrice, et d’une cour pour la récréation des élèves. Des lieux d’aisance pour l’usage des élèves et de l’institutrice vont être installés dans cette cour par les propriétaires « .
Le 8 Avril 1881, l’instituteur de Norgeat, Ambroise Victorin Fauré, est nommé secrétaire de mairie (Jean-Marie Bacou, maire).
Suite à la création de l’école des filles de Norgeat, une imposition complémentaire est votée le 6 Novembre 1881, à la demande du préfet, pour couvrir, entre autres, certaines dépenses scolaires dont le loyer de la maison d’école de filles (120 francs) et l’achat d’une « Méthode de lecture » pour cette même école (15 francs).
Cette imposition sera confirmée par délibération du 8 Décembre 1881.
Un nouveau couple d’instituteurs prend ses fonctions à l’école de Norgeat le 18 Avril 1882.
Bruno Duran et Marie-Félicie Doumens (son épouse) y ont été installés par le nouveau maire de Miglos, Joseph Pujol.
M. Duran sera nommé secrétaire de mairie le 1er Mai 1882.
Le 11 Mai, une » Commission locale de Surveillance de la Fréquentation des Écoles » est créée à Miglos, en vertu de l’article 5 de la Loi du 28 Mars 1882.
Elle est composée de 3 membres du Conseil municipal, qui ont été désignés, au scrutin secret : Jacques Pujol, François Gouzy Larose et Jean Gardes Ladène.
1882 – Demande de création d’une École à Baychon.
Le 03 Décembre 1882, les habitants de Baychon écrivent au préfet pour demander la création d’une école mixte dans leur village : « … Arquizat est à 4 km de Baychon … un local pour la salle de classe et un logement seraient fournis par les habitants du hameau… il y aurait régulièrement de 15 à 20 élèves à cette école…« .
Le 26 Décembre, l’inspecteur de l’Enseignement primaire de Tarascon, indique à son supérieur, à Foix, que cette demande ne peut pas être prise en considération : « … Il n’y a que 7 familles qui vivent à Baychon, soit 38 habitants dont 9 enfants… L’école d’Arquizat n’est située qu’à 2 km et les chemins sont en bon état…« .
Ce rapport sera transmis au préfet le 17 Janvier 1883.
En vain : Baychon n’aura pas son école.
Les enfants du hameau continueront à aller étudier à Arquizat.
Pour s’y rendre ils empruntaient le chemin qui grimpe d’abord vers le plateau du « Bintonau » (prononcer Bintonaou), où se trouve un rocher surmonté d’une croix en fer, puis redescend insensiblement jusqu’au vieux château, après être passé devant la source appelée « Fount del Sire » (Fontaine du seigneur). De là, il restait encore à rejoindre l’école (jouxtant la mairie actuelle) en passant à proximité du cimetière, à Las Salinos.
Le parcours total dépassait les 2 km. Aussi, la plupart du temps, les enfants emportaient le repas du midi, qu’ils mangeaient sur place après avoir réchauffé leur gamelle sur le poêle, dans la salle de classe.
Robert Carbonne (né en 1925 – décédé en 2014), qui avait fréquenté la communale de Miglos dans les années 1930, était de ceux-là.
Parmi les nombreux souvenirs de son enfance que l’intéressé avait raconté à son petit-fils, Hugues Hérault (fils de Martine Carbonne, une élue de la commune), quelques-uns concernaient l’époque où il allait à l’école.
Hugues a bien voulu me narrer ces anecdotes, témoignage d’un passé révolu mais dont l’évocation lui est particulièrement chère.
Parlons d’abord de la croix du lieu-dit Bintonau.
Celle que nous pouvons voir de nos jours est de facture récente. Antérieurement, une modeste croix en fer forgé était scellée sur le bloc mégalithique précité, vraisemblablement dans le but de le christianiser, comme cela se pratiquait parfois aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment. (Cf. Croix en fer forgé de l’Ariège – Essai de typologie, par Marie-Thérèse Laureilhe, in Bulletin de la Société Ariégeoise des Sciences, Lettre et Arts – 1979 – pages 89, 107 & 119).
Une photo de la croix d’origine a été publiée en 1967 dans le Bulletin de la Société Préhistorique de l’Ariège, Tome XXII – pages 70 & 71 (Contribution à l’Inventaire Mégalithique de l’Ariège, par B. Castagné, R. Gailli, L.R. Nougier et R. Robert).
Elle a vraisemblablement été dérobée en fin des années 1960, ou au cours de la décennie suivante, comme tant d’autres croix situées à l’extérieur des villages, en Haute Ariège.
Il faut préciser ici que le remplacement de la croix est à mettre au crédit de Robert Carbonne, qui l’a fait fabriquer par son neveu, dans l’Indre, et l’a scellée à l’emplacement de l’ancienne, en 1995, avec l’aide de son petit-fils Hugues alors âgé de 12 ans.
L’intéressé n’a pourtant jamais souhaité faire état de cette louable initiative.
La croix du Bintonau a toujours eu une place privilégiée dans le cœur de Robert.
Enfant, il avait suivi quelques processions, sous la conduite du curé de la paroisse (Joseph Teulière), qui partaient de l’église d’Arquizat et arrivaient jusqu’à la croix en question, que le prêtre bénissait.
D’autres souvenirs, encore bien vivaces, se rattachaient aussi à cette croix.
En dehors de l’hiver et des périodes de mauvais temps, lorsque les travaux agricoles, les soins à apporter au bétail et autres animaux domestiques, ou les multiples tâches ménagères lui incombant laissaient un peu de liberté à la maitresse de maison, il arrivait fréquemment que Madeleine Carbonne (née Crastes) monte depuis le hameau jusqu’au champ où se dressait la croix, en apportant le repas pour ses enfants, qui la rejoignaient depuis l’école.
La brave femme évitait ainsi à Robert et ses frères de manger à la gamelle, ou d’effectuer le long trajet aller-retour entre l’école et le domicile, d’ailleurs peu envisageable dans le temps imparti pour la pause repas de midi.
Toujours à propos du lieu-dit Bintonau, voir également la page « Noms de lieux oubliés«
Pour finir, parlons de la Fount del Sire, ce secteur qui devenait la patinoire des écoliers de Baychon, en hiver.
Lorsqu’ils rentraient de l’école en fin d’après-midi, les enfants détournaient l’eau de la source et inondaient le chemin à cet endroit-là.
Le lendemain matin, en retournant en classe, ils pouvaient ainsi faire de la luge, sur la glace formée par l’eau qui avait gelé durant la nuit, assis sur leur cartable en bois pour dévaler la pente.
Une photo de ce type de cartable des écoliers de Miglos, rustique mais particulièrement robuste, est présentée sur la page Histoire de l’Ecole de Norgeat de 1882 à 1921.
Merci à Hugues Hérault et Martine Carbonne, grâce à qui le chapitre Baychon s’est enrichi avantageusement.
Mise à jour BAYCHON (Croix Bintonau – Ecoliers du hameau) : Novembre 2021.