École de Norgeat de 1882 à 1921
Construction des Écoles de Norgeat & Norrat – (1882/1894)
Concernant l’École de Norrat, Cf. « Histoire de l’école de Norrat de 1870 à 1945 » (Andrée Cantelaube).
Le projet voit le jour en 1882, mais il faudra attendre 10 ans pour que les enfants de ces deux villages puissent être accueillis dans les nouveaux locaux.
École de Norgeat
Le 29 Juin 1882, le maire de Miglos, Pujol Joseph (de Norgeat, ce qui n’était pas courant) écrit au préfet pour lui faire part de la nécessité de construire une école à Norgeat et une à Norrat.
Il précise que la majorité du Conseil municipal est opposée à ce projet. Mais l’inspecteur d’Académie de Foix apporte son soutien à ce projet dès le 11 Juillet 1882.
Le 13 Août 1882, le Conseil municipal délibère sur la demande de l’Inspection académique de l’Ariège, transmise via le préfet, d’établir un projet de construction d’une école double à Norgeat et d’une école mixte à Norrat, car « les locaux scolaires de ces deux sections sont peu convenables« .
« Le Conseil donne pouvoir au maire (Joseph Pujol) de s’entendre avec un architecte compétent pour l’emplacement et pour le plan à dresser desdites constructions. Il le charge en outre d’agir auprès de M. le Préfet pour qu’il fasse tout ce qui dépendra de lui pour faire accepter l’emprunt de 2500 francs (Somme maximum que la commune est en mesure d’apporter au titre de sa contribution au projet) et obtenir de l’État la somme nécessaire pour couvrir la dépense entière« .
Lors de cette délibération (la première à ce sujet) il est décidé la construction d’une école double à Norgeat (et d’une école mixte à Norrat), ainsi que la désignation d’un architecte pour établir un projet.
Le Conseil vote également un emprunt de 2500 francs, au titre de la participation communale au financement global.
En début d’année 1883, l’architecte Fiquet présentera son projet, qui sera approuvé par le Conseil municipal le 11 Février 1883. Le maire est chargé d’acquérir les terrains nécessaires à ces constructions.
Courant Mars et Avril suivants (1883), deux pétitions sont adressées au préfet par certains habitants de Norgeat, qui ne sont pas d’accord avec la municipalité sur l’emplacement choisi pour la construction de l’école, jugé insalubre.
Le terrain en question appartient à Pujol Jean Ranc, qui le cèderait pour la somme de 310 francs (parcelle N°1374 – lieu-dit « Village« ). Il est situé au « Cap de l’Ort« , au départ du Chemin d’En Baquiès, côté gauche.
Le 18 Septembre 1883, et malgré les réticences évoquées, le dossier complet relatif à ces 2 projets (dont le montant global a été chiffré par l’inspection d’académie de Foix à la somme de 28 500 francs) est transmis au Ministre de l’Instruction Publique (Jules Ferry), par le préfet de l’Ariège, qui sollicite en même temps l’attribution d’un secours de 23 500 francs pour cette réalisation.
En Janvier 1884, on relève quelques précisions complémentaires dans un courrier de l’inspecteur d’Académie de l’Ariège au préfet : « … Norgeat compte 432 habitants ; 40 garçons et 38 filles fréquentent l’école…. La superficie des terrains à acquérir pour la construction du groupe scolaire de Norgeat est de 10a 30ca.… « .
Le 21 Avril 1884, le Ministère fait connaître qu’il ne donnera pas son accord pour Norgeat, si on ne trouve pas un autre emplacement.
Le problème est définitivement réglé en Août 1884 : l’école sera construite à l’entrée du village, quartier « Pradalas » (Emplacement actuel de « l’École« ). C’est l’architecte Fiquet qui en informera le préfet.
Mais il faut attendre ensuite plus de deux ans pour que l’on reparle officiellement du projet. Ainsi, on peut lire dans une lettre en date du 11 Novembre 1886, adressée par le préfet au maire de Miglos, Bacou Jean-Marie : « … Les projets de constructions des écoles… qui sont approuvés par le Conseil Départemental et par la Commission des Bâtiments Civils, dorment depuis 2 ans dans les cartons de la mairie…« .
Le 28 Novembre 1886, le Conseil municipal examine le rapport de l’Inspecteur d’académie de Foix, transmis par le préfet, qui demande de faire le nécessaire pour donner une solution immédiate aux projets de construction des 2 écoles en question.
Les élus « sont d’avis d’y donner suite » … mais, « comme la commune est obérée d’impôts, le Conseil propose de remplacer l’emprunt de 2500 francs, voté le 13 Août 1882, par le produit d’une vente de 2500 sapins environ, qui seront vendus en adjudication publique« . Autorisation est demandée au préfet de faire accorder cette coupe d’arbres par l’Administration forestière.
Par lettre du 12 Août 1887, le maire (J.M. Bacou) confirme au préfet que le conseil municipal ne s’oppose pas à l‘exécution du projet de construction des deux écoles, mais réitère sa demande de « représenter la quote-part de la commune par le produit de la vente d’une coupe de sapins dans la forêt. »
Lors de la délibération municipale du 5 Mai 1889, destinée à valider définitivement les projets établis en 1883/1884, la construction des 2 écoles est approuvée par 7 voix contre 5. Des dissensions devaient exister sur ce sujet, au sein du Conseil municipal, car le vote a eu lieu à bulletins secrets, ce qui n’était pas courant.
Le 6 Août 1889, suite au décès de M. Fiquet, l’architecte Alphonse Becq (Ingénieur des Arts et Manufactures) reprend le projet, auquel il apporte les modifications souhaitées par l’inspecteur d’Académie, et notamment la création d’un second appartement à l’école de Norgeat, « pour loger un autre couple, dans le cas où le poste double ne serait pas tenu par un instituteur et une institutrice mariés ensemble« . Norgeat compte alors 409 habitants.
L’architecte Becq signe le nouveau « Plan de la construction d’une école double au hameau de Norgeat« , le 20 Juillet 1890.
28 Janvier 1891 – Délibération municipale au cours de laquelle est votée l’autorisation d’emprunter, auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations,
une somme de 34.800 francs, remboursable en 25 ans à partir de l’année1892.
Le montant de l’emprunt destiné au financement de la construction de l’école de Norgeat est de 22 000 francs.
Toutefois, selon les instructions du préfet (Avril 1891), l’emprunt devra être contracté pour une durée de 30 ans, et auprès de la Caisse Nationale des Retraites (taux : 4,20%).
Le 15 Février 1891, le maire, Teulière Lucien, fournit une attestation, pour joindre au dossier, où il est indiqué de la population totale de la commune de Miglos s’élève à 932 habitants.
Un « État des promesses de vente« , faites par des particuliers qui cèdent des terrains afin d’y édifier les deux écoles, est établi le 23 Février 1891.
On relève pour Norgeat : 10 parcelles (appartenant à 12 propriétaires) – superficie 15a 23ca – valeur 2284,50 francs.
6 Mars 1891. Le nouveau projet, établi par l’architecte Becq, est transmis au préfet (M. De Malherbe).
Il comprend pour chacune des 2 écoles : Plans, Devis, Cahier des charges établis par l’architecte Becq ; Copie des Budgets de 1890 et 1891 ; État de la situation financière de la commune ; Attestation du maire concernant la population de la commune (932 habitants) et le nombre de conseillers municipaux (12) ; Tableau d’amortissement de l’emprunt (sur 30 ans) ; Procès-verbaux d’expertise des terrains à acquérir (avec plan des lieux et estimation chiffrée) ; Délibérations municipales des 29 Janvier et 20 Avril 1891 par lesquelles les conseillers municipaux ont voté un emprunt de 34800 francs (représentant le coût global du projet).
Revêtu de l’avis favorable du préfet, ce dossier sera adressé, le 24 Avril 1891, au Ministre de l’Instruction Publique, qui donnera son accord.
Les procès-verbaux d’adjudication des travaux sont enregistrés en préfecture le 15 Juillet 1891.
Pour Norgeat c’est l’entreprise Soulsonne Jean, de Capoulet, qui a été retenue. Le montant de la construction du « groupe scolaire« est chiffré à 15345,88 francs.
Le 20 Août 1891, le maire de Miglos, (L. Teulière) propose au préfet de confier la surveillance des travaux de construction de ces deux écoles à l’instituteur de Norgeat, Casimir Truel, comme souhaité par l’architecte Becq.
Après accord de sa hiérarchie, l’instituteur va pouvoir s’acquitter de cette tâche, d’autant que les travaux vont débuter rapidement.
En Décembre 1891, le préfet donne son accord pour l’ouverture de la première tranche de l’emprunt accordé (contracté auprès de la Caisse Nationale des Retraites Vieillesse) car « les travaux de construction des deux écoles de Norgeat et Norrat sont commencés… « .
C’est finalement à la rentrée 1892 que les enfants de Norgeat pourront s’asseoir sur les bancs de leur nouvelle école, et continuer à étudier sous la houlette de Mr et Mme Truel.
Lors de sa tournée du 19 Novembre suivant, l’inspecteur primaire note, au sujet de l’école des filles tenue par Rachel Truel (âgée de 33 ans) : « … Local neuf dans lequel on vient de s’installer à peine. J’ai demandé quelques améliorations (Mobilier scolaire et dépendances : cave, bûcher, etc.) … Les jeunes-filles présentes (à peine la moitié des inscrites) sont jeunes et peu avancées. Les plus grandes travaillent au bois. Les paysans font leur provision d’hiver … « .
Dans son rapport, il précise que le village compte 319 habitants ; 33 filles sont inscrites à l’école mais seulement 15 sont présentes ce jour-là.
Quelques mois plus tard, on s’apercevra que le groupe scolaire, dont Norgeat s’était enorgueilli, n’offrait pas les meilleures conditions de travail souhaitées, tant pour les enseignants que pour les élèves (Cf. Rapport d’inspection du 17 Juin 1895).
Le 31 Mars 1894, le dossier relatif à la construction des deux nouvelles écoles de la commune est clôturé par l’architecte Becq, qui adresse au préfet le « Décompte définitif des travaux« .
Le montant total consigné sur cet état, (achat des terrains compris) s’élève à la somme de 33 894, 25 francs. Soit, pour Norgeat : 21 834,22 francs.
En Mars 1895, le décompte établi par le Receveur-percepteur de Tarascon, (bilan établi d’après les factures qu’il a réglées sur les exercices des années 1891 à 1894 inclus) laisse apparaître un montant un peu plus élevé (34 783,99 francs), mais cependant très proche du montant de l’emprunt initialement accordé (34 800 francs).
Malgré une réclamation du maire de Miglos, qui prétendait à une somme de 905,75 francs, le préfet (après enquête auprès des services concernés) confirmera le décompte de la Perception de Tarascon, soit un crédit de 16,01 francs.
Reprenons maintenant la chronologie générale des évènements relatifs aux écoles de Miglos à partir de 1883.
Le 15 Juillet 1883, suite à la demande de la Commission Scolaire communale, le Conseil municipal (maire : Joseph Pujol, de Norgeat) a pris la délibération suivante :
» … Considérant que les enfants sont tous occupés aux travaux agricoles et que les parents ne peuvent, en aucune manière, se passer complètement de leurs enfants sans nuire à l’agriculture, la commission, usant du pouvoir que lui accorde la Loi du 28 Mars 1882, article 15, sur l’obligation scolaire, est d’avis, à l’unanimité des membres présents, que la dispense d’une des deux classes de la journée soit accordée indistinctement à tous les enfants de la commune de Miglos, du 1er Juin au 1er Novembre 1883… « .
Cette délibération recevra l’approbation préfectorale le 13 Août (1883).
25 Novembre 1884 – Bail pour la maison d’école des filles de Norgeat, établi entre le maire, Jean-Marie Bacou, et les propriétaires, Daraux Jean Maluber et Salvaing Raymond (beau-père et gendre).
Le premier semestre 1886 va connaître des changements notables parmi le personnel enseignant des écoles de la commune.
Le 15 Janvier on relève, pour Norgeat, le départ des époux Duran. Ils sont remplacés par le couple Truel (Louis Casimir et Rachel, née Denjean).
Il est intéressant de noter que Bruno et Marie Félicie Duran ont la particularité d’avoir enseigné à Norgeat (Avril 1882 à Janvier 1886) mais aussi à Arquizat (Mai 1886 à fin Octobre 1889).
Entre les deux, soit moins de quatre mois, ils ont été affectés à Auzat.
Il semble bien que leur rapide retour sur la commune de Miglos soit lié au départ d’Arquizat (mutation forcée) de Raymond et Laura Ferrus.
En effet, au mois de Mars 1886, le maire, Bacou Jean-Marie, avait écrit au préfet afin qu’il intervienne auprès de l’instituteur de Norgeat, Louis Casimir Truel (arrivé le 16 Janvier 1886 en remplacement de Bruno Duran), lequel refusait d’accepter dans son école des élèves d’Arquizat, dont les parents étaient mécontents des enseignants en poste dans ce village.
L’inspecteur d’Académie de l’Ariège avait donc été saisi. Dans son rapport on peut relever les précisions suivantes : » L’école de Norgeat est saturée par le nombre d’élèves…
Il y a 4 ans, l’école d’Arquizat possédait un maître capable et consciencieux, M. Rouan ; on a formulé contre lui des plaintes les plus graves pour obtenir son changement. M. Ferrus, l’instituteur actuel l’a remplacé et a été, comme son prédécesseur, en butte avec toutes sortes de tracasseries… On a cherché à déshonorer sa femme… cette institutrice a toujours eu une conduite des plus irréprochables… Voilà comment on traite un instituteur à Miglos, et cela peut-être pour faire plaisir à Mr. le Curé… » (Nigoul Adolphe, qui a officié dans la paroisse de 1872 à 1889).
Le 20 Avril 1886, le préfet répond au maire de Miglos : « Il n’est pas possible de donner suite à votre réclamation ».
Cependant, M. et Mme Ferrus quitteront leur poste dès la fin Avril et seront aussitôt remplacés par Bruno et Marie Félicie Duran.
Ces derniers resteront à Arquizat jusqu’au 31 Octobre 1889, sans jamais avoir été en butte aux tracasseries dont leurs prédécesseurs avaient souffert.
On voit même figurer Bruno Duran sur le registre d’état-civil de la mairie de Miglos, qu’il a signé en qualité de témoin le 3 Août 1887, lors de l’enregistrement de la naissance d’une Norgeatoise : Baptistine Gabarre.
Quant à M. et Mme Truel, ils resteront en poste à Norgeat pendant 25 ans (1886/1911).
Le 15 Août 1888, en réponse à une demande de la préfecture relative au classement des écoles primaires, le Conseil municipal (maire : Jean-Marie Bacou), fait valoir qu’il n’y a « pas lieu de supprimer aucune école dans la commune, mais qu’il n’est pas utile d’en créer une nouvelle« .
Courant Mars/Avril 1889, faisant suite à la plainte du maire de Miglos (Jean Joseph Bacou), une enquête administrative est diligentée par l’inspecteur de l’Instruction Primaire de Tarascon, au sujet de l’occupation, jugée abusive, d’un logement de l’école de Norgeat.
Selon le rapport de cet inspecteur, « … Le hameau de Norgeat possède une école de filles et une école de garçons… Le poste est occupé par un instituteur et une institutrice ne formant qu’un ménage (les époux Truel) et n’occupant qu’un logement, sur les deux loués par la commune. Celui situé au-dessus de l’école des filles se trouvait disponible depuis plusieurs années … En 1886 ou 1887, un maçon du nom de Baptiste Pujol, qui ne trouvait pas, paraît-il, de logement dans le village, demanda à l’institutrice l’autorisation d’habiter les deux pièces inoccupées, laquelle renvoya le solliciteur devant le maire (il s’agissait alors de Jean-Marie Bacou). Ce dernier aurait donné son accord verbal pour la remise des clés de l’appartement audit maçon….
Mais l’ancien maire ne peut confirmer ces faits. Il a quitté le pays après avoir obtenu une recette buraliste…
Monsieur Baptiste Pujol reconnaît n’avoir aucune autorisation écrite pour occuper ce logement et n’avoir jamais versé aucun loyer à ce titre… « .
D’après l’inspecteur, l’intéressé serait au moins redevable d’une somme estimée à 50 francs (pour l’occupation indue de ce logement pendant deux ans) que la commune est en droit de lui réclamer, et exiger à l’avenir un loyer de 25 francs l’an, tant que cette location restera possible….
« Le produit de cette sous-location pourrait être affecté à l’achat d’objets utiles pour l’école« .
Ce rapport sera transmis au préfet le 12 Avril. Il y est précisé que « l’institutrice de Norgeat ne semble pas être intervenue dans cette affaire ».
Le 19 Février 1890, un rapport de l’Inspection Primaire de Tarascon, précise : « il y a lieu de maintenir la proposition faite en 1888 de supprimer une des deux écoles de filles de la commune de Miglos, et celle qui peut disparaitre sans inconvénient est l’école de filles d’Arquizat« .
On relève dans ce courrier que la section de Norgeat compte 391 habitants, et 74 enfants sont inscrits dans les deux écoles du village.
A Arquizat : 307 habitants (dont 39 du hameau de Baychon), deux écoles et 64 enfants scolarisés
A Norrat & Axiat : 234 habitants, une seule école et 45 enfants qui la fréquentent.
Mais la suppression de l’école des filles d’Arquizat n’interviendra finalement qu’en 1921.
On notera que dans cette affaire, le député de l’Ariège, Théophile Delcassé (qui deviendra ministre, à plusieurs reprises, au début du XXe siècle), est intervenu auprès du préfet de l’Ariège, De Malherbe, le 7 Mars 1890, pour apporter son soutien à la commune de Miglos.
Le Compte rendu d’inspection de l’école de Norgeat en date du 24 Février 1891, nous apprend une curieuse pratique : ’ »Avant la classe un élève désigné d’avance parcourt le village pour annoncer l’école à son de trompe« . Cette pratique n’existait plus au tout début du XXe siècle, lorsque ma grand-mère Madeleine était scolarisée.
Dans ce même rapport on peut lire aussi : » M. Truel est modeste, mais dévoué et zélé… Ecole bien tenue et assez bien fréquentée… Il y a du travail et de l’émulation ; les résultats sont satisfaisants« .
Le Recensement de 1891 (visé par le maire, Lucien Teulière, le 20 Mai) donne une population de 859 habitants pour l’ensemble de la commune (dont 361 à Norgeat).
Y figurent les instituteurs et leur famille, à savoir pour Norgeat :
Casimir Truel (28 ans) ; sa femme Rachel, née Denjean (30 ans), également institutrice, et leur fille Julia (2 ans).
« On lit beaucoup à Norgeat », comme l’écrira un inspecteur de l’Éducation primaire de Tarascon.
En 1893, la bibliothèque de la nouvelle école « est très suivie ; elle est de création récente« . On peut y trouver 167 volumes en 1905, et il y a eu 161 prêts..
Le 17 juin 1895, après une tournée d’inspection des écoles de Miglos, l‘inspecteur d‘Académie adresse un rapport assez critique au préfet de l’Ariège,
Concernant Norgeat on relève : « Mobilier en très mauvais état et insuffisant… Une gouttière tombe dans la classe des filles (vice de construction relevé sur le bâtiment scolaire nouvellement construit, imputable à l’entrepreneur ayant fait les travaux) … Sol des préaux à recouvrir de terre capable de durcir à la longue, car on n’y trouve que poussière actuellement« .
Le Conseil municipal délibère le 15 Décembre 1895, suite à la demande du Conseil Supérieur de l’Enseignement Public, qui se préoccupe de la réorganisation des cours d’adultes.
Il est émis le vœu que la dépense qui va en découler (rémunération des instituteurs qui voudront assurer de tels cours) incombe à l’état, vu l’état des finances de la commune.
Une réponse identique sera adressée au préfet après la séance du 22 Novembre 1896.
Les Norgeatois suivent assidûment les cours d’adultes. Ils sont dispensés par leur instituteur deux fois par semaine, les mardis et vendredis, de Décembre à Mars, lorsque les travaux agricoles leur laissent un peu de répit, comme noté dans plusieurs rapports d‘inspection, et notamment :
- 28 Octobre 1897 : « 35 adultes en moyenne ont participé… Mr Truel a fait aussi quelques conférences populaires avec projections lumineuses, le samedi ».
- 27 Avril 1898 : « Une moyenne de 30 élèves ont revu l’enseignement des matières obligatoires pour les enfants d’âge scolaire… Six conférences ont été faites, principalement sur l’agriculture, l’arboriculture et l’apiculture… Le but qu’on n’a jamais perdu de vue dans cette initiative post-scolaire a été de donner au peuple de l’initiative et du sens pratique« .
- 22 Mars 1900 : « Sur 45 auditeurs inscrits, 35 ont suivi régulièrement le cours. Il a été, en outre, fait neuf conférences. L’instituteur se propose d’ouvrir de nouveau un cours en 1900-1901« .
Lors de l’examen du budget annuel, le 16 Février 1896, le Conseil municipal relève un déficit de 1581,44 francs, à l’article « Constructions scolaires« .
Il proviendrait d’erreurs imputables à l’architecte Becq. Celui-ci aurait fourni des mémoires de travaux erronés dont ont bénéficié les entrepreneurs Soulsonne (école Norgeat) et Douère (école Norrat).
Le Conseil municipal « émet l’avis que ces entrepreneurs et l’architecte doivent être poursuivis en justice » (maire : Lucien Teulière).
Le préfet autorisera la commune à poursuivre les deux entrepreneurs concernés et le nouveau maire, Jean-François Jalbert, est délégué par le Conseil municipal pour représenter celle-ci (16 Août 1896).
Le nouveau maire souhaite aussi engager la responsabilité de son prédécesseur, Lucien Teulière, « qui n’a pas examiné minutieusement les mandats soumis à sa signature« , ce qui « a entrainé des dépenses pour des réparations qui n’ont pas été faites, ni à l’école de Norgeat, ni à celle de Norrat ».
Comme suite à la délibération municipale du 21 Août 1898, des travaux doivent être effectués à l’école de Norgeat. La cour de récréation sera entièrement clôturée, conformément à la réglementation en vigueur.
Le 20 Novembre 1899, un crédit de 25 francs est attribué pour l’achat de « Méthodes de lecture« , destinées aux écoles de la commune ; soit 10 francs pour celle Norgeat (Jean-François Jalbert, maire).
Lors de sa séance du 7 Décembre 1901, le Conseil décide la création d’une Commission municipale scolaire (conformément à la Loi du 28 Mars 1882), pour « surveiller et encourager la fréquentation des écoles« .
Indépendamment d’un représentant de l’Inspection des Écoles primaires, elle sera composée de 5 personnes : le maire, Hilaire Teulière (président) et 4 membres du Conseil désignés au suffrage secret : Honoré Pujol, Baptiste Balança, Frédéric Carbonne et Pierre Teulière.
Le 25 Septembre 1902, le Conseil municipal examine la demande de Victorin Fauré, instituteur à Orlu mais originaire de la commune de Miglos où il a enseigné, pour « l’attribution d’une bourse d’études avec trousseau » à son fils Louis-Lucien-Philippe, admis à l’Ecole du Service de Santé de la Marine à Bordeaux.
Un avis favorable sera adressé au préfet.
Rappelons que Victorin Fauré et son épouse Joséphine ont été instituteurs à Norgeat en 1880/1882.
Au tout début du XXe siècle, ma grand-mère (Madeleine Arabeyre, qui épousera Paul Pujol Cabarè) fréquentait l’école de Norgeat, où enseignaient les époux Truel. C’est d’ailleurs avec Madame Truel qu’elle obtiendra le Certificat d’études en Juillet 1907.
Lors de veillées familiales, à la lueur des bûches qui se consumaient dans la cheminée, il lui arrivait de raconter certains souvenirs de cette époque.
A l’école :
- Le cartable était une simple petite caisse en bois, ouverte sur le dessus, munie d’une corde en guise de bandoulière (fabrication maison).
- Il était formellement interdit de parler patois (même entre enfants lors des jeux pendant la récréation), sous peine d’être puni.
- L’hiver chaque élève, à tour de rôle, devait porter une bûche et un peu de bois menu pour allumer et alimenter le poêle qui chauffait la classe.
- Pour rentrer dans la salle de cours, on quittait les sabots et on mettait des chaussons pour ne pas salir le plancher (ou faire trop de bruit).
- Un roulement était aussi instauré pour le rangement et le balayage de la salle de classe, sans oublier d’effacer le tableau noir.
- A la fin des cours, avant de sortir de l’école (à 16h), l’institutrice faisait chanter les enfants ; c’était le rituel.
A presque 90 ans, Madeleine avait encore en mémoire deux couplets de l’une de ces chansons : « Accourez dans mon bateau« .
Sans jamais se faire prier elle la fredonnait à mes garçons, émerveillés, assis sur ses genoux, au coin de l’âtre.
Accourez dans mon bateau / Jeunes gens du hameau /
Accourez dans mon bateau / Venez passer l’eau /
Il est en bois de bouleau / Et léger comme un roseau /
Accourez dans mon bateau / Venez passer l’eau.
Accourez dans mon bateau / Jeunes gens du hameau /
Accourez dans mon bateau / Venez passer l’eau /
Il n’a qu’un petit défaut / C’est d’aller au fond de l’eau /
Accourez dans mon bateau / Venez passer l’eau…
Une modification significative de l’organisation de l’enseignement à l’école de Norgeat intervient à la rentrée 1903. Les classes deviennent mixtes : l’instituteur prend en charge les grands et l’institutrice les petits. Jusqu’alors M.Truel s’occupait des garçons et sa femme Rachel des filles.
Le 25 Mars 1906, une Assurance contre l’incendie des bâtiments publics, dont l’école de Norgeat, est souscrite par la commune auprès de la compagnie La Prévoyante (Maire : Lucien Pujol).
Le 30 Octobre 1907, suite à la récente tempête de vent qui a sévi sur le secteur, le Conseil Municipal décide qu’il faut effectuer en urgence des réparations aux toitures des écoles de Norgeat et Norrat, du presbytère vacant de Norgeat, et du « chalet refuge communal » de Balledreyt (maire, Constantin Joseph Marie Montaud).
Le 22 Août 1909, le préfet, conformément à la Loi, demande au maire, Constantin Montaud, d’inscrire au budget (avant la rentrée d’Octobre 1909) les frais de nettoyage des écoles primaires de la commune, puisqu’elle compte plus de 500 habitants.
Le Conseil, « considérant que la population agglomérée de chacun des hameaux de la commune n’est pas de 500 habitants« , décide que « le balayage des classes sera fait par les élèves, comme cela a été fait jusqu’ici« .
Dans sa séance du 27 Février 1910, le Conseil municipal s’intéresse aux conséquences des tempêtes de vent qui ont sévi sur la commune pendant les nuits du 22 Décembre 1909 et des 15 et 18 Février 1910, et provoqué de graves dommages aux toitures des trois écoles communales, ainsi qu’à celle du presbytère d‘Arquizat.
« La neige étant tombée en grande quantité avant qu’aucune réparation puisse être effectuée, l’eau qui a pénétré dans l’intérieur des immeubles a gravement endommagé les plafonds, dont plusieurs menacent de s’écrouler et devront être refaits entièrement« .
L’Inspecteur de l’Instruction Primaire a mis la commune en demeure d’effectuer de toute urgence les travaux concernant les bâtiments scolaires.
L’évaluation des dégâts, faite par l’entrepreneur Aspe, se chiffre à 1200 francs.
Le maire, Constantin Montaud, va demander un secours urgent au préfet.
Lors de la délibération municipale du 4 Juin 1911 (maire : Constantin Montaud) il est décidé d’acheter des livres, pour un montant de 150 francs, destinés à être répartis dans les bibliothèques des trois écoles de Norgeat, Norrat et Arquizat.
Le 24 Août 1911, le Conseil décide l’achat, pour les trois écoles publiques, d’un lot de tableaux et de cartes murales appartenant à M. Truel, instituteur à Norgeat, pour un prix global de 150 francs.
Cette vente est liée au départ de Miglos des époux Truel, mutés le 30 Septembre 1911 aux Pujols.
Louis Casimir Truel s’est particulièrement investi dans la vie du village, où il aura passé un quart de siècle, toujours au service de la population.
Entre autres, il a créé en 1893 la Société Philarmonique de Norgeat-Miglos (« fanfare qui marche bien« , comme porté sur le rapport d’inspection du 19 Janvier 1894), qui se produisait dans les bals du secteur, notamment lors des festivités organisées dans la commune pour la Saint Hilaire (patron de la paroisse).
Indépendamment des cours d’adultes qu’il a assurés dans le village durant des années, l’inspecteur primaire a noté, dans son rapport du 28 Octobre 1897, que « Mr Truel a entrepris de montrer, par ce qu’il obtient dans son propre jardin, la possibilité et les avantages de la plantation d’arbres fruitiers. Le pays en est dépourvu et ce peut-être là une source de revenus« .
En 1906, l’instituteur organise, dans la salle d’école de Norgeat, une conférence sur les Associations, à l’issue de laquelle « la population de ce village décide de fonder une société d’assurance mutuelle en vue de la perte de bétail ». Le maire de la commune, Lucien Pujol (de Norgeat) en informe le préfet le 1er Mars.
L’intéressé a aussi participé à l’élaboration des plans définitifs et à la surveillance des travaux de la nouvelle école de Norgeat (début des années 1890) et dressé le plan de réfection des conduites d’eau des fontaines publiques (début 1911).
La fille aînée du couple Truel, Marie Célestine Juliette (dite Julia), née le 2 Mars 1884 à Illier, où ces instituteurs enseignaient alors, se mariera à Miglos, le 8 Novembre 1906, avec Jean Emile d’Arnaudy, propriétaire à La Redorte (Aude).
On sait aussi, d’après le Registre de la Paroisse de Norgeat, que Julia avait fait sa Première Communion le 14 Mai 1893, dans l’église du village, et reçu le sacrement de la Confirmation le 10 Septembre 1893, à Siguer.
Toujours au sujet de Julia, on peut signaler également que lors du recensement des habitants de la commune de Miglos, au printemps 1911, sa fille Suzanne (née en 1909 à La Redorte) est enregistrée chez ses grands-parents.
Les époux Truel auront deux autres filles, nées et décédées à Norgeat : Pauline (21 Juillet 1886 / 22 Août 1887) et Noémie (10 Août 1888 / 15 Août 1890). Elles ont été inhumées au cimetière du village.
L’été 2020, la petite tombe (N°28 du listing) a été restaurée par quelques bénévoles de Norgeat, qui entretiennent les sépultures laissées à l’abandon.
Annie Brune (famille Daraux) a peint une ardoise aux noms des deux petites filles et levé ainsi l’anonymat de ladite tombe, sur le point de disparaître.
A la rentrée d’Octobre 1911, Paul Alexis Galy et son épouse Marceline (née Izaure) sont affectés à l’école de Norgeat, où ils resteront jusqu’au 30 Septembre 1924.
L’achat d’un tableau noir pour l’école de Norgeat est voté le 23 Juin 1912 (coût : 14 francs). Constantin Montaud, maire.
Le 4 Août 1914, dès le début de la guerre, Paul Galy est mobilisé. Fait prisonnier en 1917, il sera libéré au mois de Mars 1919 et pourra ainsi retrouver son poste à Norgeat.
Son épouse prendra en charge la classe des garçons, durant son absence. Dans des circonstances pour le moins difficiles, elle assumera cette tâche avec beaucoup de professionnalisme, comme on peut le lire dans le rapport d’inspection en date du 2 Décembre 1916 : « Madame Galy dirige les deux classes avec goût, avec entrain, avec succès« .
Le 21 Novembre 1914, se tient la première séance du Conseil municipal depuis le début de la Grande Guerre (Ordre de Mobilisation générale : 2 Août 1914).
Constantin Joseph Marie Montaud, sera le maire de Miglos durant toute la durée du conflit.
Les élus vont décider « qu’une somme de 25 francs sera allouée à chacune des trois institutrices de la commune pour leur permettre d’acheter de la laine, destinée à être tricotée par leurs élèves, pour la confection de vêtements chauds qui seront envoyés aux soldats mobilisés« .
Une demande d’ouverture d’un crédit supplémentaire de 75 francs, destiné à cet usage, est adressée au préfet.
Dans les délibérations du Conseil pendant cette guerre, on trouve de nombreux cas de « Demande d’allocation journalière au titre de soutien indispensable de famille, présentée par …X…, pendant la présence sous les drapeaux de son fils … Y …, soldat de la classe 19… « .
Accord donné par le Conseil municipal, le 8 Septembre 1915, pour le paiement à M. Papy (artisan de Tarascon) des fournitures et travaux de blanchissage des écoles de Norgeat.