L’épidémie de choléra à Miglos… Les Janirets, de Louis Pujol
On ne saurait évoquer l’épidémie de choléra à Miglos, sans faire état des écrits de Louis Pujol (1903/1996), à ce sujet.
Dans son roman, en languedocien local, « Les Janirets » – 1980 – traduit en 1989 sous le titre « Le temps des Fleurs », l’auteur narre la vie des gens de son village, Norgeat, au travers du journal qu’une jeune bergère a tenu de 1830 à fin 1854.
Ces ouvrages se terminent donc avec la fin de l’épidémie dans la commune.
Louis Pujol les a écrits en faisant appel à ses propres souvenirs de jeunesse, mêlés aux récits des anciens d’alors, ainsi que ceux de ses parents et grands-parents.
Dans son roman, en languedocien local, « Les Janirets » – 1980 – traduit en 1989 sous le titre « Le temps des Fleurs« , l’auteur narre la vie des gens de son village, Norgeat, au travers du journal qu’une jeune bergère a tenu de 1830 à fin 1854.
Ces ouvrages se terminent donc avec la fin de l’épidémie dans la commune.
Louis Pujol les a écrits en faisant appel à ses propres souvenirs de jeunesse, mêlés aux récits des anciens d’alors, ainsi que ceux de ses parents et grands-parents.
Après la parution de « Les Janirets » (1980), j’ai débuté un échange de correspondance avec l’auteur (qui durera jusqu’en 1993).
Les renseignements que j’avais recueillis lors de mes recherches ne correspondaient pas toujours avec les faits qu’il relatait, et il me paraissait intéressant de confronter nos points de vue, en comparant les sources écrites et la tradition orale (dont il était un fervent défenseur). Louis Pujol s’est prêté à l’exercice, sans jamais paraître particulièrement agacé par mes contradictions, pourtant fréquentes. En fait, il les a balayées définitivement, dans une de ses premières lettres : « Mon livre n’est pas un livre d’histoire, c’est un roman« ….
Concernant l’épidémie de choléra qui nous occupe, Louis Pujol n’a pas eu accès aux registres paroissiaux, pas plus qu’aux dossiers correspondants des Archives Départementales. Il n’a utilisé que des renseignements relevés en mairie, ou fournis par deux anciens maires de Miglos.
La répartition qu’il donne des victimes, par village, ne pouvait donc qu’être approximative, d’autant qu’il utilise, comme base de référence, des données publiées par Casimir Barrière-Flavy dans « La Baronnie de Miglos » (1894), et se rapportant au recensement de 1891. Miglos comptait alors 859 habitants, dont 367 à Norgeat.
Pour mémoire : au recensement de 1851, on dénombrait 1305 habitants sur l’ensemble de la commune – 475 à Norgeat, selon un rapport adressé au préfet en Juin 1853 (2.0. 98— A.D. Ariège). On ne comptait plus que 1037 habitants à Miglos, lors du recensement de 1856.
Par recoupement des chiffres (vérifiés) en notre possession, la population de Norgeat devait être alors comprise entre 400 et 410 personnes. Soit une quarantaine de plus qu’indiqué dans « Les Janirets« .
Il est cependant intéressant de noter que cette divergence peut s’expliquer, si l’on accorde un certain crédit à la version donnée par Louis Pujol dans son ouvrage.
Pour fuir l’épidémie, plusieurs familles de Norgeat (une soixantaine de personnes) se seraient réfugiées dans les granges qu’elles possédaient à « Soustal », au Sud du village, près de la forêt (1140m d’altitude). Il n’y aurait eu aucune victime parmi elles.
« Le Garrabié », aurait joué le même rôle pour certains habitants de Norrat et d’Axiat.
Autant dire que je n’ai jamais trouvé trace, nulle part, de tout ceci.
Ma grand-mère (née en 1895), que j’avais pu questionner lors de la sortie du livre, n’en avait pas non plus entendu parler (pourtant, ses parents avaient eux aussi une grange à « Soustal« , mais personne de sa famille ne s’y était installé pour fuir le choléra)…
La tradition orale s’est sans doute quelque peu fourvoyée en la matière….Y aurait-il eu confusion entre « Soustal » et « Milhaus« ?…
Le nom de « Soustal« , qui doit venir de « Les Oustals« , (maisons – demeures), « pourrait correspondre à des masures rustiques, abandonnées au Moyen-âge, puis transformées en abri de stabulation animale, avec réserve de foin et d’outillage agraire ». Cf. « Toponymie. Notes de Louis Delpla« . Ce type d’implantation humaine existait dans la vallée du Vicdessos.
A Miglos, « Milhaus« , un plateau situé au pied de la forêt du Roc, à 1250m d’altitude, semble être comparable.
La encore, la tradition orale y situe un hameau pastoral, sans doute habité seulement à la belle saison, et dont les habitants auraient été anéantis par la peste au XVIIe siècle…
Quant à la source de « Milhaus« , on dit qu’elle a des vertus curatives. Son eau aurait miraculeusement guéri une personne atteinte du « maïchant mal« …
Mais revenons à « Soustal ». Sur ce sujet, et par rapport à la narration faite dans son livre, Louis Pujol donne un éclairage complémentaire, dans le courrier qu’il m’a adressé en Octobre 1980. Cette lettre ne peut être résumée, sous peine de la dénaturer; mieux vaut donc la présenter in extenso.
Louis Pujol a publié plusieurs ouvrages (écrits dans la langue parlée à « Nourjat » par ses parents), qui constituent un remarquable et passionnant témoignage sur la vie des gens de Miglos, « dans l’ancien temps« .
Dans « Les Janirets« , il a pris quelque liberté avec la réalité des évènements qui ont marqué l’Histoire de Miglos, au milieu du XIXe siècle.
Mais peut-on lui en tenir rigueur?…
Comme il l’indique dans sa lettre du 5 Février 1982 : « …Je n’ai pas écrit ce livre dans le but d’approfondir les points d’histoire de la commune, mais j’ai cité certains faits historiques pour étayer mon propos…Mes ouvrages retracent l’ambiance de la vie à Miglos et n’ont pas la prétention de constituer des documents historiques« …
En 1854, le choléra a décimé Miglos. Les habitants, terrorisés par l’avancée de l’épidémie qui remontait la vallée, ont sans aucun doute imaginé bien des stratagèmes pour y échapper.
Et même si cela semble peu probable, vu l’ampleur de l’hécatombe à Norgeat (comme d’ailleurs sur l’ensemble de la commune), on ne peut pas totalement exclure que quelques habitants de ce village se soient réfugiés, au plus fort de l’épidémie, dans leur grange de « Soustal » … comme on l’aurait rapporté à Louis Pujol, dans son jeune âge.
G.L. Mars 2010